Une logistique verte passe aussi, et surtout par une gestion des emballages plus responsable, comme l’explique notre invité de ce mois, Romain Zanna-Bellegarde, directeur des partenariats retail pour Loop France. Loop est une initiative du géant du recyclage TerraCycle lancée dans plusieurs grandes villes à travers le monde qui s’engage à développer un nouveau modèle d’e-commerce consigné.
1/ Pouvez-vous vous présenter ainsi que le projet Loop ?
Romain Zanna-Bellegarde, je suis responsable des partenariats retail pour Loop France. Loop est une plateforme de réemploi qui accompagne les marques/industriels, les distributeurs et les restaurateurs pour développer et vendre des produits dans des emballages réemployables et organiser la logistique inverse qui y est associée. Notre conviction est que pour que le réemploi se développe à grande échelle il faut le rendre aussi pratique et accessible que l’usage unique. Pour cela, nous construisons un réseau de points de vente et de points de collecte pour que les consommateurs puissent retourner facilement leurs emballages consignés au plus près de chez eux.
2/ Quel est le stade de développement et les objectifs pour l’an prochain ? Avec combien de marques travaillez-vous ?
Depuis notre lancement en 2019 à Davos, l’offre Loop est disponible, en France, avec 27 marques partenaires comme Coca-Cola, Nutella ou Danone (50 références) dans une vingtaine de magasins Carrefour et nous sommes en pleine expansion ! Carrefour a pour ambition d’étendre son offre à 500 magasins et 1000 références d’ici 2025 et nous sommes également en discussion avec d’autres distributeurs en France et en Europe.
Nous avons également lancé des pilotes avec Kroger, Giant et Walmart (in-home delivery) aux Etats-Unis avec +15 marques, Tesco au Royaume-Uni avec 28 marques et plus de 80 références. Enfin, nous nous développons avec Aeon au Japon où notre offre de 21 produits de 14 marques est disponible dans déjà plus de 85 magasins.
Notre objectif pour 2023 est de lancer notre plateforme de réemploi Loop avec de nouveaux distributeurs, magasins et marques.
3/ Quel est d’après vous l’importance de l’empreinte écologique de la logistique et supply chain pour le e-commerce par rapport à d’autres aspects du e-commerce ?
La majorité de l’empreinte écologique pour les biens de consommations vendus en e-commerce classique vient de la production des emballages (extraction de matières fossiles/sables, chauffe du verre a plus de 1000 degrés…), de la gestion de leur fin de vie (recyclage, incinération, enfouissement) et des emballages de transport. L’impact du transport représente moins de 15% des émissions.
4/ Que met en place Loop pour réduire l’empreinte écologique de sa logistique et supply chain, qui doit être importante au vu du business model ?
Par son modèle de réemploi des emballages, Loop permet aux acteurs du e-commerce de réduire de près de 70% l’empreinte carbone de leurs produits en réduisant significativement les impacts liés à la production et à la fin de vie des emballages, mais aussi ceux liés aux emballages secondaires grâce à des caisses et sacs de livraison et de retour réemployables. Plus qu’un enjeu règlementaire, ces impacts sont visibles et valorisés par les consommateurs qui voient la taille de leur poubelle réduire ! Par ailleurs, le e-commerce a l’avantage de simplifier le processus de retour des contenants permettant de convertir davantage de consommateurs à la consigne.
Bien sûr, l’impact lié au transport persiste et nous travaillons avec nos partenaires pour le réduire en mutualisant les opérations de livraison et de collecte, en affinant notre maillage logistique, en réalisant des économies d’échelle et en utilisant des modes de transports moins polluants. Ce sont aussi ces optimisations qui donnent une pertinence à notre modèle économique.
5/ Quels conseils auriez-vous pour les e-commerçants et les marques pour réduire cette empreinte tout en offrant la même qualité de service ?
Le réemploi fait partie de notre futur :
- Les législations relatives se multiplient en France et en Europe : la loi AGEC fixe un objectif de 5% d’emballages réemployés en 2023 et 10% d’emballages réemployés en 2027 et la proposition de loi européenne Packaging & Packaging Waste fixe un objectif de 10 à 20% d’emballages réemployables pour les boissons d’ici 2030 (30 à 40% d’ici 2040) et de 10% d’emballages secondaires d’e-commerce réemployable d’ici 2030, 25% d’ici 2040.
- La réduction des déchets fait partie des préoccupations environnementales majeures pour les consommateurs : 88% des Français souhaitent le retour de la consigne pour réemploi sur les bouteilles en verre selon une enquête de l’IFOP réalisée en novembre 2019 pour l’association WWF.